Un item : la goutte de malaise
Un étudiant qui fait tourner son stylo pendant un examen, un politicien énervé qui jette son stylo lors d’un débat houleux, votre ami qui remet ses lunettes en place alors que vous voyez bien qu’elles étaient dans une position tout à fait respectable, un client dans un bar qui suçotte le bout de son stylo en contemplant les notes qu’il était en train d’écrire … Les êtres humains sont constamment en train de manipuler des objets dans leur vie de tous les jours.
Un exemple
Par exemple, on notera facilement le marteau de président du commissaire qui s’abat lorsqu’une enchère est adjugée, ou le geste du professeur tassant ses feuilles pour signifier la fin d’un cours, etc)
Il y a énormément de choses à voir lorsqu’on observe quelqu’un manipuler un objet au cours d’une conversation, et particulièrement lors d’un moment chargé d’émotion, tel que l’est un général un entretien.
En synergologie, il y a un geste qui nous intéresse particulièrement, qui est la gorgée qu’on va aller prendre dans un verre d’eau posé devant soi.
Un geste anodin?
Pour la plupart d’entre nous, cette sensation est familière : en pleine conversation, à un moment on se retrouve avec un verre à la main, une gorgée d’eau dans la bouche, et on se dit qu’on n’avait pas vraiment soif.
Qu’est-ce qui nous a poussé à boire à ce moment précis alors qu’on en éprouvait pas le besoin ?
Boire un verre quand on n’a pas soif est une stratégie inconsciente, qui permet déjà de gagner du temps quand on est mal à l’aise, de détourner l’attention du malaise, on utilise souvent l’expression “boire son malaise”.
On peut voir un exemple amusant dans cette série canadienne (regardez à partir de 03:44 pour avoir le contexte, le geste se produit à 04:03) : https://www.dailymotion.com/video/xkxp5t
J’expérimente avec depuis un moment en entretien, le comportement est toujours le même : si le candidat a soif en arrivant, il va boire (cas du candidat qui a couru pour venir car en retard, il va descendre son verre d’eau en arrivant). Par contre pendant tout l’entretien il ne boira plus (je suppose qu’on n’a pas conscience de sa soif quand on est concentré sur l’entretien), sauf aux moments ou il sera embarrassé.
Analyse
- Le candidat exprime verbalement une situation ou il a été mal à l’aise => pas de discordance entre le verbal et le non-verbal. Plutôt encourageant sur sa sincérité.
- Le candidat n’exprime pas verbalement ce qui l’a mis mal à l’aise. Nous allons saisir l’occasion pour creuser (avec bienveillance, sans exprimer le fait que vous avez vu un malaise dans son comportement non-verbal, ce qu’il embarasserait probablement, ce qui n’est pas le but recherché). Vous pouvez aussi revenir plus tard sur le sujet, pour que la tension soit redescendue.
- Soit il avait réellement soif … Ce cas-là est rarissime mais possible.
En conclusion, proposez toujours un verre d’eau en arrivant dans l’entretien. Déjà ça évitera une gêne physique chez le candidat s’il arrive assoiffé à l’entretien, mais ce sera également une aide pour arriver à une conversation authentique avec votre candidat.
Et observez-vous quand vous faites ce geste, la clef de la compréhension du non-verbal passe par l’auto-observation, quand on arrive à posteriori à se dire qu’on ressentait une émotion en particulier quand on a une réaction corporelle, on arrive d’autant mieux à lire le langage corporel des autres. Ca s’appelle l’empathie, et c’est une belle vertu !
Pour aller plus loin, la formation est là pour vous !